Traditions venues d'ailleurs: la légende du "Martisor" !

Anca Simion
4 Juin 2012


A l'est de l'Europe, dans la patrie de Dracula, nous croyons souvent que les terres sont mystérieuses, sombres et dangereuses. Que nenni! Le renouveau, la joie et la bonne humeur, sont au cœur des célébrations balkaniques. Ainsi, le 1er mars, les Roumains, Moldaves et Bulgares fêtent l’arrivée du printemps. Brève incursion sur les traces d' une coutume ancestrale.


Selon certains ethnologues, la tradition du Martisor (diminutif de martie signifiant en roumain le mois de mars) a une origine romaine, selon d’autres, une origine daco-thrace. C’est pour cette raison que sa présence en Roumanie, Moldavie et Bulgarie s’explique différemment. Un fil conducteur existe néanmoins : saluer et célébrer l’arrivée du printemps. C’était à une époque très lointaine, celle du substrat thrace-illyrien, branche des langues indo-européennes communes aux trois pays - quelles que soient les influences ultérieures, en l'occurrence latine chez les Roumains et Moldaves, et slave chez les Bulgares - que tout semble avoir commencé. Et cela dans le contexte d’un tout autre calendrier que celui qui gouverne notre vie aujourd’hui, car le 1er mars était pour les Romains le commencement d'une nouvelle année.

En roumain, le diminutif de martie (mars), qui est Martisor, est un ruban très fin, formé de deux fils tressés, l’un blanc et l’autre rouge, auquel est attaché, selon la tradition, un petit objet en bois ou en métal. Le bonheur, la chance et la joie de vivre résident dans ces deux fils tressés, notamment si c’est un ramoneur, un fer à cheval ou un trèfle à quatre feuilles qui l’accompagnent. La fin de l’hiver (le froid, la lenteur) désigné par le fil rouge, et l’arrivée du printemps (le réveil, le renouveau) désigné par le fil blanc, expliquent cette composition bicolore.

Quittons maintenant les Balkans pour revenir en France, à Lyon. C'est au Consulat Général de Roumanie, que le Martisor était mis à l’honneur. Un moment important pour la communauté roumaine. L’Association Rhône-Roumanie, présente depuis 1993 à Lyon et dans sa région, a donné rendez-vous, le 1er mars, à tous les Roumains et Français désireux d’offrir des martisoare et de partager ce moment convivial. En présence de Gabriela Dancau, Consul Général de Roumanie, des hommes et des femmes, des petites filles et des petits garçons, plus d’une centaine en tout, sont venus récupérer leur martisor et se rappeler, grâce à la présentation de Cornelia Petrescu, écrivain et poète résidant en France, les racines de cette tradition et les formes qu’elle prend aujourd’hui. « Symbole millénaire de l’amour (...) de la victoire du printemps sur l’hiver et du bien sur le mal » selon ses propres mots, un martisor est avant tout le plaisir de donner, de recevoir, et de transmettre. Tout le monde a mis, ce soir-là, son martisor au revers de son manteau ou autour de son poignet. Le Consulat Général de Roumanie a ainsi accueilli, le temps d’une soirée, le retour du printemps.

Pour être informé des actions du :
Consulat Général de Roumanie : http://lyon.mae.ro/
L’Association Rhône-Roumanie : http://rhone.roumanie.free.fr/rhone-roumanie/index.php